HISTOIRE

DU ROI FONDATEUR DU ROYAUME DE

DASSA-ZOUME, IGBO IDASHA OU IGBO OBA

Par M. Roger Sêdo ADJIBA (Chercheur)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seul, celui qui en fait par lui-même l’expérience, sait ce que sont les années de recherches, dans les ténèbres, pour une vérité que l’on sent, sans pouvoir l’exprimer, l’intense désir et les alternatives de confiance et de doute, jusqu’à ce que l’on atteigne la clarté et la connaissance.

 

Albert EINSTEIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Préface

        On a beaucoup épilogué sur la définition du nom de la première princesse du royaume Igbo Idasha ou Dassa-Zoumé ou encore Igbo Oba. Or le pouvoir de la pensée n’est qu’une demi-vérité et une demi-vérité peut être plus illusoire que des mensonges. Il en est résulté que des personnes bien intentionnées se sont servies de ces formules édulcorées pour n’aboutir, comme l’apôtre Paul, qu’à la frustration. Il disait : « Je ne fais pas le bien que je veux mais je fais le mal que je ne veux pas ». La puissance de la volonté, est la plupart du temps, vouée à l’échec.

Nous aimons à croire que nous pensons. Nous aimons à penser que nous sommes des créateurs. L’intellectualisme égoïste s’imagine être la cause. En fait, notre pensée a peu de rapports avec ce qui affecte notre vie. Ce n’est pas : « Tel un homme pense, tel il est » », mais « tel un homme pense en son cœur, tel il est ». Nous sommes les créatures du cœur et non de l’intellect. Le cœur est l’entendement intérieur. L’intellect n’est qu’un récepteur ; il ne peut rien par lui-même, il ne peut que reproduire les messages de l’entendement intérieur.

De votre entendement intérieur vous pouvez obtenir tout ce que vous voulez si vous savez être réceptif.

 

 

Des frontières issues du partage colonial

En 1884, lors de la conférence de Berlin, les puissances européennes décidèrent entre elles des règles du partage d’Afrique. Tout territoire revendiqué par un Etat doit être effectivement occupé. Cette décision accélère la conquête : La France occupe une large partie de l’Afrique Occidentale et, parmi les pays qui le composent, se trouve un pays appelé le Dahomey, ayant à l’Est une frontière commune avec le Nigéria, Colonie de la grande Bretagne.

L’histoire de peuplement du Sud-Est et du Centre du Dahomey, aujourd’hui Bénin, est liée à ce grand pays anglophone.

A partir du 12ème siècle, le Sud-Est et le Centre du Dahomey furent occupés par les yoruba venus en vagues successives d’Ilé-Ifê d’Oyo et d’Egba.

Au 15ème siècle, deux frères consanguins puissants et riches vivaient à Abê-Okouta (Egba). A la mort de leur père qui était roi, chacun voulut faire valoir ses droits à la succession. D’où contestations et luttes entre l’aîné et le cadet. Le jeune frère gagna la lutte et fut couronné roi.

L’aîné réunit les membres de sa famille, ses partisans, ses amis et quittèrent Abê-Okouta (Egba).

Ils partirent vers l’Ouest, créèrent leur communauté. C’est ainsi qu’ils arrivèrent au Centre du Dahomey (Bénin) et s’installèrent sur l’ancien domaine d’Ifê-Ita. Ce domaine devint leur village qu’ils normmèrent « EKPO ». Le prince Olofin devint leur chef. Quelque temps après, sa femme qui attendait son second enfant, met au monde une deuxième fille née Albinos et prénommée Osha, conformément à leur coutume ou tradition selon laquelle : « Tout enfant né avec une malformation (boiteux, bossus, albinos) est consacré à la divinité Osha et devient adorateur de cette grande divinité ».

Les yoruba pré-odoudouwa qui s’étaient installés sur la montagne Arigbogbo Oké (Oké Arigbo) et la montagne Yanti tinrent une réunion présidée par le roi d’Ifê-Ita, prirent le chef du village EKPO comme Roi et transformèrent leur domaine en royaume.

Ainsi, le nouveau Roi prit le nom fort de Oba Olofin Kofin Ichiêrê. D’une façon générale, les titres Kabyéssi et Oba sont des titres attribués à tous les Rois Yoruba. Olofin devenu Roi, sa femme devint Inandi (Reine) et ses deux filles Ida (princesse). Certains auteurs affirment que Ida est synonyme de créature et que Igbo signifiant la forêt, Igbo Idaatcha désignerait la créature de Dieu dans la forêt. Ils semblent confondus qu’en yoruba Ida signifie princesse. (Lire à la page 59 de « Le roi-Dieu au Bénin » par Mont serrat Palau Marti). Titre : Les Reines Ida et Ramu. « A côté de l’Alakétou siègent deux femmes qui portent les titres d’Ida et Ramu. Lorsque le Kabyéssi est assis sur son trône, à sa droite et à sa gauche se trouvent deux autres trônes sur lesquels sont assises Ida et Ramu, respectivement ».

Les informateurs ont considéré ces deux noms comme équivalents de Reine qui veut dire Ida et mieux « Ramu ». Chez les Dasha (un groupe yoruba du moyen Dahomey), « Ida » signifie princesse. Dire que Ida veut dire créature, Orisha signifierait Dieu et Igbo égal à forêt, et en confirmant que Igbo Idaatcha désignerait la créature de Dieu dans la forêt semble un peu ambigu.

L’auteur confond Ida qui veut dire princesse à Oda qui est un diminutif de Odayé qui veut dire le créateur du monde. Orisha est une divinité et non Dieu qui est Olodumaré.

Bien qu’il existe l’alphabétisation Idaatcha, il est à remarquer qu’une voyelle contre une autre fait intervenir l’élision c’est-à-dire l’effacement d’une voyelle finale devant une voyelle initiale. Mettre deux « a » ou « AA » dans Daatcha c’est aller contre l’élision. Ainsi, la deuxième fille d’Olofin, l’albinos, devenue princesse (Ida) associé à son prénom de naissance (Osha), devient Ida Osha. L’élision consiste ici à effacer la voyelle initiale le « O » de Osha et à conserver la voyelle finale le « a » de Ida. Ce qui devient Idasha au lieu de Ida Osha. Le village EKPO, se situant en pleine forêt, la population lie cette forêt à la princesse en appelant le village EKPO (Igbo Idasha). Etant donné que le Roi réside dans cette forêt, le nom Igbo Idasha est attribué au royaume nouvellement créé, mais les villages environnants l’appellent Igbo Oba.

 De nos jours le nom Igbo Oba est en cours de disparition, de même que Igbo Idasha qui devient Dassa-Zoumé, nom fon ou mahin.

Il est à noter qu’à la disparition du Roi Olofin Kofin Ichêrê, c’est sa fille aînée qui a pris sa place sous le nom fort d’Oba Oyoro Arigbo Edjo lala. Les migrants Egba, dirigés par Olofin, fondent, sur l’ancien domaine d’Ifê-Ita devenu Ifita, le village EKPO.

Le deuxième groupe, parti d’Ilé Ifê et d’Egba, conduit par Issagbonan, arriva à Kétou et demanda de l’aide d’Alakétou (Roi de Kétou) qui leur permit d’aller au village EKPO fondé par Olofin Kofin Ichêrê et dont il est le chef.

Le Roi de Kétou (Alakétou) donna aux Egba des hommes, des chasseurs puis plaça tout ce monde sous la responsabilité de son fils aîné, le prince « Oladegbo ». Le prince de Kétou et ceux qui l’accompagnaient partirent pour le village EKPO. Chemin faisant, il se produisit un événement apparemment banal, mais qui eut une très grande portée traditionnelle pour les yoruba de cette époque. Le chef du groupe venant d’Egba, le dignitaire Issagbonan, prétendit avoir mal aux pieds et exprima le souhait de porter des chaussures. De tels avantages à l’époque n’étaient accordés qu’aux Rois, à quelques dignitaires et aux princes intronisés. Oladégbo, prince de Kétou pensant rendre service à un ancien, passa ses chaussures au vieux aux pieds endoloris quand le groupe arriva à EKPO. Oba Olofin voulut savoir le responsable, Oladegbo prince de Kétou se présenta devant Oba Olofin pieds nus et Olofin de conclure que celui qui remplissait de telles conditions était l’ancien qui portait des chaussures. C’est ainsi que Issagbonan intégra le lignage Egba avec son groupe et ils prirent le nom de Egba Kétou. Oladegbo et son groupe se constituèrent en un lignage ‘’Ola’’ dont Oladegbo devint leur ascendant. Olofin Kofin Ichêrê et Oladegbo sont deux personnalités à ne pas confondre. Igbo Idasha englobe trois noms : Igbo qui veut dire Forêt, Ida qui veut dire princesse ou reine, Sha qui est un dimunitif de Osha après l’application de l’élision qu’exige la langue yoruba en particulier et dans presque toutes les langues en général.

En une seule phrase, Igbo Idasha veut simplement dire la forêt de la princesse Osha. C’est ce nom qui a été donné au royaume. Le second nom est donné à la capitale du royaume par ceux qui sont hors de la capitale, c’est Igbo Oba. D’où vient donc Dassa-Zoumé ? Le royaume Igbo Idasha subit à plusieurs reprises les attaques des rois d’Abomey et fut pratiquement ruiné par les troupes de Kondo, fils de Glèglè, vers 1881.

Après neuf jours de siège, le roi Amouro Amou Oyé se fit tué par traitrise de son frère adopté par son père Oshagou, devenu après, Jagun Odjo Achamou Okpoto.  Le frère adoptif est Fadonougbo et la tête d’Amouro fut tranchée et emmenée à Abomey. Pendant plusieurs années le royaume fut resté sans roi et il fut tombé dans l’anarchie. La sécurité publique était plus assurée, les gestes et les travaux des hommes cessèrent, il n’y eut plus d’ordre ni de loi normale. Ces événements permirent à Fadonougbo d’être intronisé roi. Les Idasha l’ont considéré comme un usurpateur de pouvoir parce que d’origine mahin et venant du village Monkpa de Shébélou (Savalou). Il n’appartenait donc pas à une famille princière encore moins yoruba. Toutefois, il est solidement protégé par le roi Glèlè d’Abomey. Il prit un nom de règne « Otêtan Adjikin Zomahoun ». C’est sous son autorité que les traditions et la langue Idasha subirent une forte influence extérieure, en particulier fon et mahin, et le nom Igbo Idasha prit officiellement l’appellation de « DASSA-ZOUME », traduction fon ou mahin Igbo Idasha. De nos jours, le royaume fut scindé en deux communes (la commune de Dassa-Zoumé et celle de Glazoué).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion

A travers quelques figures historiques tels que des fondateurs d’Etat, des reines, des princes et princesses, des chefs de guerre, mais aussi des civils, ces écritures font revivre des moments essentiels de l’histoire d’Igbo Idasha ou Igbo Oba encore appelé DASSA-ZOUME, Igbo Idasha traduit en fon ou mahin. Nul ne peut donc durablement vivre en somnambule de sa propre histoire, de ses US et COUTUMES.

L’histoire n’est pas une course de vitesse.

 

 

 


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